La monnaie

La monnaie romaine est de toutes les monnaies antiques celle qui a connu la plus longue et la plus grande expansion géographique, jusqu'à devenir durant plusieurs siècles la monnaie commune du monde occidental et méditerranéen. Après des débuts frustes basés sur le bronze au poids et l'usage du monnayage grec, elle s'est constituée à la fin du IIIe siècle av. J.‑C. selon un système monétaire fondé sur le bimétallisme argent et bronze. Au début du Haut-Empire sous Auguste s'ajoute la monnaie d'or, créant un système à trois métaux qui reste stable pendant près de deux siècles et demi. La crise militaire et économique du IIIe siècle et la spirale inflationniste qui l'accompagne voient l'effondrement des monnaies d'argent et de bronze. Au IVe siècle, la réforme de Dioclétien qui tente de revaloriser les monnaies d'argent et de bronze ne parvient pas à contenir l'inflation, tandis que celle de Constantin Ier parvient à créer un système monétaire dominé par le solidus stabilisé à 4,5 grammes d'or et sans parité fixe avec les autres monnaies qui se dévaluent. Le solidus connait ensuite une exceptionnelle stabilité dans l'empire d'Orient jusqu'au XIe siècle.

monnayage sous la république

Vers 400 av. J.-C., les Romains remplacèrent le troc basé sur les têtes de bétail ou l'usage de monnaies grecques par un système monétaire relativement archaïque. Il s'agissait dans un premier temps de « blocs » de bronze nommés aes rude puis à la fin du IVe siècle de lingots en bronze représentant sur une des faces leur équivalent en têtes de bétail.

Ensuite, vers 280 av. J.-C. apparaissent des disques de bronze nommés aes grave (latin grave = lourd) pesant une livre romaine (324 g) et valant 1 as. Le double visage de Janus y est gravé sur l'avers (face). Des sous-multiples normalisés sont émis pour un usage courant, semis (1/2), triens (1/3), quadrans (1/4), sextans (1/6), uncia ou once (1/12), demi-once (1/24) 7.

Le poids de l'as étant fixé en fonction de sa valeur, celui-ci diminue lors de la première guerre punique (264-241) pour peser environ 290-280 grammes, baisse due aux fortes dépenses de Rome pour la constitution de sa flotte. Vers 225 av. J.-C. apparaît sur le revers de l'aes grave, une proue en hommage à la flotte militaire romaine constituée quelques décennies plus tôt.

Lors de la deuxième guerre punique (218-201), qui impose à Rome des dépenses considérables, l'as s'effondre et finit par devenir un disque de bronze d'une vingtaine de grammes. Il a des multiples dont les plus utilisés seront le sesterce valant 2 as et demi, (puis 4 as), le dupondius valant 2 as et des sous-multiples le semi (½ as), et le quadrans (¼ as). Toutes ces monnaies sont en bronze. C'est à ce moment que l'argent métal apparaît véritablement dans le système monétaire romain avec le « denier ». A la fin de la République le système monétaire est réformé et s'appuie désormais sur le denier (monnaie d'argent).

Le sesterce devient au cours du deuxième siècle avant J.-C. l'unité de compte usuelle en lieu et place de l'as libral, les dépenses, les revenus et les fortunes s'évaluent en sesterces. Son abréviation HS est un souvenir de sa parité initiale avec l'as (deux as et demi, soit en chiffres romains IIS, vite retranscrit en HS)

monnayage sous le haut Empire

À partir d'Auguste, le système entre dans une période de stabilité qui va durer plus de deux siècles. L'aureus, monnaie d'or valant 25 deniers est régulièrement émis à partir de Jules César.

Les empereurs soignent particulièrement leur portrait sur les monnaies qui servent de propagande, le sesterce en laiton valant un quart de denier est, avec son diamètre d'environ 33 mm, la monnaie reine de l'époque.

L'avers (« côté face ») représente la plupart du temps l'effigie de l'empereur règnant à l'époque de l'émission de la monnaie. Les revers des monnaies sont l'occasion de faire de la propagande : ils célèbrent les victoires et les conquêtes des empereurs, ils représentent des dieux, des déesses, des allégories symbolisant des qualités associées à l'empereur, des monuments, des provinces personnifiées, des animaux. On compte parfois plusieurs centaines de revers différents pour un seul empereur, parmi lesquels certains d'une grande importance historique. Les impératrices et les enfants de la famille impériale sont aussi parfois représentés.

Livre or Aureus Denier   Monnaie Métal Poids
1 60 60 000
  Libra aurea
or 327 g
1/60 1 1000
  Aureus
or 5,45 g
 1/1500 1/25 40
  Denarius argenteus
Argent 3,4 g
1/12000 1/200 5
  Nummus ou Follis
bronze argenté 9,7 g
1/30000 1/500 2
  neo antoninianus
Billon 2,9 g
1/60 000 '1/1 000 1
  Denarius communis
bronze 1,3 à 1,5 g


marques monétaires

ABREVIATIONS
Des abréviations apparaissant sur des monnaies romaines. Notez que le "v" latin se transcrit phonétiquement par "u".
AVG: AVGVSTVS, AVGVSTA = empereur, impératrice
AVGG: AVGVSTORVM = les empereurs
CAES: CAESAR = empereur
COS: CONSVL = consul
D: DIVVS,DIVA = divinisé
F: FILIVS = fils
FIL: FILIA = fille
IMP: IMPERATOR = général victorieux
PM: PONTIFEX MAXIMVS = grand pontife
PP: PATER PATRIAE = père de la Patrie
SC: SENATVS CONSVLTO = par décret du Sénat
TRP: TRIBVNICIA POTESTATE = puissance tribunicienne, renouvelée chaque année
Exemple : TI CLAVD CAESAR AVG P M TR P VI IMP XI (Tibère Claude César Auguste, Grand Pontife, revêtu pour la sixième fois de la puissance tribunitienne, salué victorieux pour la onzième fois).

CHIFFRES
Les chiffres apparaîssent sur les monnaies impériales dans les indications de titulature portée plusieurs fois, comme le titre d'imperator (exemple IMP XII), de puissance tribunicienne (exemple TR PP II) ou de consul (exemple COS II), Parmi ces notations, les formes additives IIII et VIIII sont celles couramment employées (voir comme exemple le sesterce ci-après, avec l'indication COS IIII et non COS IV pour le quatrième consulat d'Antonin le Pieux). C'est la notation originelle des chiffres romains, les formes soustractives sont quant à elles plus récentes et ne sont pas employées sur les monnaies.Des chiffres apparaissent aussi au IVe siècle dans les revers frappés pour les anniversaires de règne.

MARQUE
À partir du IIIe siècle, les ateliers de frappe se multiplient, et les monnaies portent la marque d'origine de l'atelier d'émission.

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