Après ce siècle de mise en place du principat, avec ses hésitations, ses phases tragiques et son processus inéluctable vers l’instauration d’un système autocratique, la dynastie des Antonins d’origine espagnole ou gauloise, qui régne au 2nd siècle, ouvre une période de tranquilité et de prospérité économique pour tout le monde romain. Nerva, Trajan, Hadrien, Antonin le Pieux, Marc Aurele et Commode se transmettent le pouvoir par adoption, persuadés que grâce à ce système, chaque empereur saura choisir pour lui succéder « le plus digne ». A l’exception du dernier de la dynastie, le dégénéré Commode, les Antonins gouvernèrent avec modération et leurs contemporains estimèrent que la liberté au sens augustien du terme a été remise à l’honneur. Ce qui fait la force de cette dynastie, c’est avant tout la qualité de ses empereurs et le rapport que ceux-ci instaurent avec le Sénat. Trajan par exemple défend le principe selon lequel « le prince est non pas au-dessus des lois, mais les lois au-dessus de Prince ». Même si les relations avec le Sénat peuvent être parfois houleuses, ce dernier retrouve un certain rôle dans la vie politique. Ces empereurs ont également changé d’attitude envers leur pouvoir. On évite d’en abuser : Trajan, par exemple, ordonne à ses proches de ne pas exécuter ses ordres quand il est ivre !
Nerva (96-98) : Avant même l’assassinat de Domitien, Nerva, choisi par les conjurés, est retenu pour lui succéder. C’est un vieux sénateur de 70 ans. Avec habileté et fermeté, il endigue la réaction anti-domitienne, contient la grogne des prétoriens, désamorce des putschs, brise peut-être un soulèvement militaire en Germanie Supérieure, renoue avec le sénat. Il arrive à concilier principat et liberté. Il annonce lors d’une cérémonie officielle qu’il adopte, pour lui succéder, le légat de Germanie Supérieure : M. Ulpius Traianus.
Trajan (98-117) : A la mort de Nerva, Trajan lui succède donc. Pour la première fois un homme issu des provinces est élu empereur. C’est à partir de Trajan et de son gouvernement que nombre d’historiens parle d’un empire libéral, guidé par une sorte de stoïcisme officiel. Il sait s’entourer d’hommes compétants, et fait figure de prince idéal. Il est surnommé Optimus princeps pour sa politique sociale d’aide aux pauvres. Malgré la longue suite de guerres qu’il connaît contre les Daces (101-102 et 105-106), contre les Parthes (113-117), il tente pendant son séjour à Rome de ranimer l’agriculture en déclin et d’activer le grand commerce. L’or des Daces évite la crise financière et lui permet même de construire à Rome le plus grand des Forums et les immenses marchés qui portent son nom, ainsi que la colonne Trajane, haute de 43 mètres, qui porte, sculpté, le récit de la campagne contre les Daces (elle compte plus de 2500 figures). Il favorise les échanges dans l’empire en faisant construire des ports, des routes, des ponts. L’empire atteint son extension maximum avec la création des provinces de Dacie, d’Arabie, de Mésopotamie, d’Assyrie et d’Arménie. Mais les conquêtes sont fragiles et le danger parthe notamment ne sera pas conjuré quand Trajan, malade, meurt le 11 avril 117.
Hadrien (117-138) : Sur son lit de mort Trajan avait désigné Hadrien pour lui succéder, c’était son cousin. Cet homme a une personnalité divisée, il est à la fois un intellectuel, un homme curieux de tout, instable, s’élevant contre l’autorité et la tradition, pratiquant, touche à tout pour les différentes formes d’art, admirant la beauté de la nature, mais aussi homme vaniteux, cruel et entêté. Son règne est marqué par un double souci : assurer la paix et parfaire l’organisation de l’Empire. Il remplace la politique offensive de Trajan par une politique défensive, limitant l’Empire à ses frontières stratégiques et abandonnant les conquêtes de Trajan au delà de l’Euphrate (il ne garde que l’Arabie et la Dacie). Il s’efforce de créer autour de l’Empire un chapelet de petits royaumes protégés, et y réussit par la diplomatie. Il n’a à affronter qu’une seule guerre sérieuse, en Judée, après avoir décidé l’établissement d’une colonie militaire à Jérusalem (135). Grand voyageur il visite tout l’Empire. Il réorganise complétement l’administration de l’Empire et fait rédiger un code nommé Edit perpétuel, qui est à l’origine du droit moderne. Il fait interdire la torture des esclaves et ôte le droit de vie et de mort à leurs maîtres. A Rome il batit le Pantheon (temple de tous les dieux), surmonté d’une immense coupole, et fait édifier son mausolée, devenu le Château Saint-Ange. Le chef-d’œuvre d’Hadrien est son palais, la villa Hadriana, dont il fut sans doute l’architecte, située à Tibur, près de Rome. Utilisant la topographie autant que ce qu’il a appris et aimé, il organise un immense ensemble architectural, harmonieusement disposé mais d’une grande variété, mêlant toutes les ressources de la technique et de l’imagination. Fontaines, bassins, gigantesques pièces d’eau jouent un rôle important, qui sera repris en Europe, à partir de la Renaissance.
Antonin le pieux (138-161) : Consul en 120, il est remarqué par l’empereur Hadrien, qui lui confie la province proconsulaire d’Asie (130-135) ; adopté en 138 par Hadrien. Empereur la même année, son œuvre se résume, à l’extérieur, à la pacification des frontières (en Afrique, en Bretagne). A l’intérieur, il développe l’assistance publique. -> La pax Romana instaurée par les campagnes de Trajan est préservée par Hadrien et son successeur Antonin permet une administration équitable, la prospérité économique en Italie et dans les provinces. C’est pourquoi cette période est appelée l’âge d’or des Antonins.
Marc Aurèle (161-180) : Adopté par Antonin le pieux en 138, il lui succède en 161. Favorable au Sénat, il s’efforce de rendre à celui-ci une partie de ses privilèges, mais son règne est assombri par des catastrophes et les guerres qu’il doit soutenir contre les Parthes (165), les Quades et Marcomans (174), les Germains (176). Il meurt en campagne (Sirmium) le 17 mai 180. Philosophe stoïcien, il a laissé un livre de Pensées en grec et une correspondance en latin avec son maître, le rhéteur Fronton.
Commode (180-192) : Fils de Marc Aurèle, dès 5 ans il est destiné à l’Empire par son père ; le 27 novembre 176, celui-ci l’associe au pouvoir. A la mort de Marc Aurèle, il est proclamé Empereur par le sénat. Son règne est une période de terreur et de complots. Paranoïque, il tombe progressivement dans la folie. Amateur de combats et bon athlète, il veut se montrer plus fort qu’Hercule lui-même. Mégalomane, il se considère comme un dieu et fait de Rome-qu’il rebaptise « commodienne »- son entière propriété. Il est asassiné le 31 décembre 192 dans une école de gladiateurs. Une période d’anarchie commence alors...
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