Les Julio-Claudiens

Tibère (règne de 14 à 37)« L’empereur misanthrope »

Faute d’héritier direct, Auguste a désigné comme successeur Tiberius Caesar, son fils adoptif : il a 55 ans quand il accède au pouvoir et une réputation d’excellent général. Il s’est illustré dans de nombreux domaines (militaire, administratif, diplomatique) avant d’arriver au pouvoir. Il est cultivé, bon orateur, fin helléniste, féru d’astrologie.
C’est le 1er des quatre princes de la dynastie Julio-claudienne.

Le portrait d’un homme cruel présenté par l’historien Suétone est peut être à nuancer. Cependant il n’est pas populaire (ni auprès du peuple, ni auprès de sénat). Il commença son règne en éliminant son neveu, Germanicus, qui était marié à la petite-fille d’Auguste et qui donc pouvait réclamer le trône. Très méfiant de nature, il veille à ce que soit supprimée toute personne trop intéressée par le pouvoir. Il fut taxé d’hypocrisie, de cruauté et fini en véritable misanthrope.

Caligula (né en 12, règne de 37 à 41) « L’empereur fou »

Caligula est un surnom : petite bottine de soldat, car il passa son enfance dans les camps de légionnaires.
A la mort de Tibère, Rome respire et acclame ce jeune empereur de 25 ans. Celui-ci profite d’ailleurs de l’immense popularité de son père assassiné, Germanicus, pour asseoir son autorité.
Cependant, l’euphorie des premiers mois passée, Caligula se montre incohérent dans sa politique : mal entouré, sans expérience, il met à sec les finances de l’Etat et se met à dos les milieux dirigeants. Ses excès révèlent progressivement une démence sans limite (maladie nerveuse, épilepsie). Les sources, comme Suétone, le présentent comme un véritable fou, mais ceci est peut-être à nuancer.
Comme actions il fit en outre diviniser sa sœur, rendit un culte à Isis (divinité égyptienne), entra en conflit avec les juifs quand il voulut que sa statue soit placée dans le temple de Jérusalem, donna en repas aux fauves du cirque des prisonniers sous prétexte de faire des économies de nourriture, nomma consul son cheval préféré et lui fit construire un palais.
Des complots se montent contre lui : le 24 janvier 41, sa propre garde se révolte et il est poignardé de trente coups de couteau.

Claude (régne de 41 à 54) « le paradoxe »

Né en 10 av. J.C. fils de Drusus, neveu de Tibère, frère cadet de Germanicus, donc oncle de Caligula. C’est le dernier représentant de la dynastie. Claude se retrouve empereur à 50 ans presque par hasard : quand Caligula est assassiné, le sénat est prêt à rétablir la République, mais un soldat découvre Claude, caché derrière un rideau. Il est acclamé empereur par la cohorte prétorienne. Pour légitimer son accession au pouvoir, il promet à chaque soldat une prime de 1500 sesterces, c’est-à-dire environ une année de salaire. Le sénat doit donc accepter ce choix. La tradition a toujours montré Claude comme un homme faible, autant physiquement (il bégaie et boite) que moralement (il se laisse facilement berner par son entourage. Même sa mère Antonia le considère comme un débile mental. Il fut cependant un bon empereur, même s’il fut fort influencé par ses affranchis (en outre par Narcisse et Pallas). A l’extérieur, ses excellents généraux achèvent la pacification de l’Empire et se lancent à la conquête de la Bretagne. A l’intérieur, ses affranchis, bien qu’avides d’argent et de pouvoir, dirigent l’administration avec efficacité et autorité. C’est un érudit, il inventa même un alphabet. Mais son goût pour les femmes le perdit. Sa troisième épouse, Messaline eut une vie de débauche et sa quatrième, Agrippine, l’empoisonna avec un plat de champignons, après avoir fait adopté son fils Néron.

Néron (37-68) « Le poète sanguinaire »

La mort de Claude n’est pas encore ébruité que Néron, Britannicus étant retenu, se présente aux prétoriens avec la promesse d’un donatium de 15000 sesterces par tête. Il n’a que 17 ans lors de son avènement.
Le début de son règne se déroule sous l’influence de sa mère Agrippine. Néron mène d’abord une politique d’entente avec le sénat, sous la double influence de son ami Burrhus, préfet du prétoire, et de son précepteur, le philosophe stoïcien Sénèque. Ce dernier voit en lui un nouvel Auguste qui ramène l’Age d’or. Il enseigne à son élève que le bon prince doit être un sage et pratiquer la clementia, vertu princière par excellence (De Clementia).
Cependant, le jeune homme veut gouverner seul et peu à peu il se libère de l’emprise de sa mère. Il inaugure son règne en éliminant tous ceux qui pourraient l’en empêcher. Après avoir tué Britannicus en 55, il tue sa mère en 59, renvoie son précepteur, le philosophe Sénèque.
Sa politique se révèle catastrophique. L’empereur ne peut contenir ses dépenses et propose, pour renflouer ses caisses, une réforme de l’impôt à laquelle s’oppose fermement le sénat. Néron est alors contraint de durcir son autorité jusqu’au despotisme tyrannique. Aux quatre coins de l’Empire, les provinces s’insurgent ; la répression se fait dans le feu et le sang.
Il fut souvent présenté comme un monstre : à la fois un antéchrist, ayant une relation incestueuse avec sa mère, prenant les chrétiens comme boucs émissaires. Les légendes les plus folles courent sur son sujet : il aurait fait incendier Rome et composé des poèmes en voyant la ville brûler en juillet 64.
A Rome pourtant, Néron reste apprécié du peuple : c’est un homme de goût, un intellectuel amateur d’arts, élevé dans la culture grecque. Il organise de splendides jeux. L’empereur se veut fin esthète et ne cesse de mettre en valeur ses talents de poète, chanteur et comédien lors de concours qu’il ne peut que… remporter.
Il donne un nouveau visage à la Ville grâce à de grands projets d’urbanisme. Après l’incendie qui ravage Rome en 64, Néron profite de la circonstance pour faire construire, sur les ruines de l’Esquilin, la domus aurea où s’exposent ses goûts hellénisants. Sur les pas du premier Auguste, il se lance dans une prestigieuse rénovation de Rome qu’il rêve d’appeler « Néropolis ». Cette insolence princière choque les conservateurs et aboutit à la conjuration de Pison. L’échec de ce complot, déjoué en 65, entraîne la mort de l’élite intellectuelle de l’époque, impliquée dans l’affaire : le poète épique Lucain, neveu de Sénèque et ami de Néron, le romancier Pétrone et Sénèque lui-même, invité à s’ouvrir les veines.
Cependant, le milieu dirigeant cherche à l’éliminer. Plusieurs conjurations sont déjouées et réprimées dans le sang. En 68, Galba, gouverneur de l’Espagne, allié à Othon, celui du Portugal, marche sur Rome. Néron préfère prendre la fuite que de les affronter. Le sénat le déclare ennemi public. Le 11 juin 68, l’empereur se suicide, ses derniers mots auraient été : « Quel artiste périt avec moi ! »

Ainsi s’achève la dynastie des Julio-Claudiens.





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