Narcisse

Au dieu fluvial Cephise naquit un fils nommé Narcisse qui sembla à sa mère, folle de lui, le plus bel enfant du monde. Celle-ci interrogea immédiatement le devin aveugle Tirésias pour connaître son destin. Elle lui demanda s’il aurait une longue existence et le devin répondit : « s’il ne se connaît pas lui même ». Seul le temps démontra ce que ces paroles énigmatiques signifiaient.

Le jeune Narcisse grandit dans l’admiration de tous, même de lui-même. Il aimait se promener seul en compagnie de l’être cher : lui. Un jour sans le savoir, il fut suivi par la nymphe des bois Echo, qui était amoureuse de lui mais qui ne voulait pas lui révéler son secret tant que Narcisse ne le lui aurait pas demandé. En effet, Junon, irritée par sa langue trop volubile, lui avait enlevé le pouvoir de parler, si ce n’est pour répondre à une autre voix). Elle attendait donc que Narcisse parle en 1er. Mais lui absorbé par ses pensées pleines de lui-même, ne la voyait pas. Il s’arrêta alors pour boire l’eau d’une fontaine et entendit un bruit de branche. « Qui va là ? » demanda-t-il, et il entendit en réponse « Là ». « De quoi a tu peur ? » continua-t-il, et la voix invisible répondit « Peur ». « Sors de là, viens ici » cria-t-il, étonné, lorsque ses paroles lui revinrent à l’oreille, comme si on se moquait de lui, et pourtant, la voix n’assumait aucune forme. « Ici !» fut la réponse. Alors Echo, impatiente de se montrer, fit quelques pas, mais dans l’eau, le jeune homme avait pris une forme qui lui plaisait davantage et il repoussa la nymphe. Celle-ci s’enfuit en émettant le vœux que le jeune homme orgueilleux apprendrait à ses frais ce que c’est que d’aimer en vain.

Narcisse quant à lui retourna à la source pour admirer le visage et la silhouette d’une beauté si époustouflante qu’il se serait volontiers jeté dans l’eau pour la rejoindre. « Qui es-tu, toi que l’on a crée si beau ? » cria Narcisse, et les lèvres de l’image remuèrent, mais aucun son n’en sortait. Il voulu étreindre l’image mais celle-ci s’évanouit quand ses mains touchèrent la surface de l’eau. A maintes reprises, il se pencha pour essayer d’enlacer cette aimable silhouette qui, chaque fois, le fuyait. Rendu fou par un spectacle si attirant, il ne pouvait plus se détacher du miroir qui lui renvoyait l’image déformée de ses propres gestes.

S'en suit 2 versions
   Il resta longtemps penché au-dessus de la surface de l’eau, ne se souciant même plus de se nourrir, invoquant en vain cet objet d’adoration imaginaire jusqu’à ce que son cœur cessât de battre de desespoir ; depuis lors il gît parmi les nénuphars qui forment son linceul.
Les dieux touchés par sa beauté le transformèrent en fleur : le narcisse.

   
Comment supporter à la fois de posséder et de ne pas posséder ? Il était miné par le chagrin et, cependant, il se réjouissait de son tourment ; il sut au moins que son autre moi lui restait fidèle, quoi qu'il arrive.
Écho, bien qu'elle n'eût pas pardonné à Narcisse, souffrait avec lui ; elle répéta en écho à sa voix : " Hélas ! Hélas ! ", comme il se plongeait un poignard dans sa poitrine ; et elle redit aussi sa dernière phrase au moment où il expirait : " Ô toi, jeune homme que j'ai vainement aimé, adieu ! " Son sang s'écoula dans la terre et il naquit un narcisse blanc à corolle rouge dont on extrait un baume, à Chéronée, de nos jours encore. Il est recommandé dans les affections des oreilles (bien qu'il puisse occasionner des maux de tête) et comme vulnéraire contre les engelures.





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