« Une femme admirable » Cette lettre de Pline le Jeune contient l’éloge de sa femme Calpurnia, adressée à la tante de cette dernière, Calpunia Hispulla. L’épouse de Pline ets un exemple de femme sérieuse, modèle recherché par tous les romains. C- PLINIUS CALPURNIAE HISPULLAE SUAE S- (1) Cum sis pietatis exemplum, fratremque optimum et amantissimum tui pari caritate dilexeris, filiamque eius ut tuam diligas, nec tantum amitae ei affectum uerum etiam patris amissi repraesentes, non dubito maximo tibi gaudio fore cum cognoueris dignam patre dignam te dignam auo euadere. (2) Summum est acumen summa frugalitas; amat me, quod castitatis indicium est. Accedit his studium litterarum, quod ex mei caritate concepit. Meos libellos habet lectitat ediscit etiam. (3) Qua illa sollicitudine cum uideor acturus, quanto cum egi gaudio afficitur! Disponit qui nuntient sibi quem assensum quos clamores excitarim, quem euentum iudicii tulerim. Eadem, si quando recito, in proximo discreta uelo sedet, laudesque nostras auidissimis auribus excipit. (4) Versus quidem meos cantat etiam formatque cithara non artifice aliquo docente, sed amore qui magister est optimus. (5) His ex causis in spem certissimam adducor, perpetuam nobis maioremque in dies futuram esse concordiam. Non enim aetatem meam aut corpus, quae paulatim occidunt ac senescunt, sed gloriam diligit. (6) Nec aliud decet tuis manibus educatam, tuis praeceptis institutam, quae nihil in contubernio tuo uiderit, nisi sanctum honestumque, quae denique amare me ex tua praedicatione consueuerit. (7) Nam cum matrem meam parentis loco uererere, me a pueritia statim formare laudare, talemque qualis nunc uxori meae uideor, ominari solebas. (8) Certatim ergo tibi gratias agimus, ego quod illam mihi, illa quod me sibi dederis, quasi inuicem elegeris. Vale. Légende:
nominatifaccusatif génitif datif ablatif verbe
Pline salue sa chère Calpunia Hispulla
Tu es un modèle d'affection familiale, tu as chéri un frère excellent
d'une tendresse égale à celle dont il t'entourait, tu aimes sa fille comme
la tienne et tu ne lui témoignes pas seulement des sentiments de tante, mais tu lui rends l'amour d'un père qu'elle a perdu; aussi éprouveras-tu la plus
grande joie, j'en suis certain, d'apprendre qu'elle se montre digne de son père,
digne de toi, digne de son grand-père.
En elle la plus vive intelligence s'allie à la plus parfaite conduite; elle
m'aime, et c'est une preuve de sa vertu.
Elle a de plus le goût des lettres, que lui a inspiré son amour pour moi.
Mes écrits sont dans ses mains, elle les lit et les relit, et même les apprend
par coeur.
Que d'inquiétude dans son coeur, quand je suis sur le point de plaider ! Quelle
joie, quand c'est fini !
Elle charge des messagers de lui rapporter les applaudissements, les
acclamations que j'ai soulevées, le succès que j'ai obtenu dans mon affaire.
Ou bien, si parfois je fais une lecture publique, elle se tient à proximité,
dissimulée derrière une tenture, et recueille d'une oreille avide les louanges
que je reçois.
Elle chante même mes vers en s'accompagnant de la lyre, instruite non par un
artiste, mais par l'amour, le meilleur de tous les maîtres.
C'est pourquoi j'ai le plus ferme espoir que l'accord de nos coeurs durera et se
fortifiera de jour en jour.
Car ce n'est pas la jeunesse ou la beauté, qui peu à peu passent et
s'évanouissent, mais la gloire qu'elle aime en moi.
Et l'on ne saurait attendre moins de celle que tes soins ont formée, que tes
leçons ont instruite, qui dans ta fréquentation n'a eu sous les yeux que des
exemples de vertu et d'honneur, qui enfin a appris à m'aimer en m'entendant
louer de ta bouche.
Car, respectant ma mère comme ta propre mère, tu ne cessais, dès mon enfance,
de me diriger, de m'encourager par tes éloges, de me présager que je serais un
jour tel que ma femme me voit aujourd'hui.
Aussi rivalisons-nous de reconnaissance envers vous, moi de me l'avoir donnée,
elle de m'avoir donné à elle, nous ayant si bien choisis l'un pour l'autre.
Adieu.
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