« Hannibal : « Faisons la paix ! » 202 av. J.-C. : l'armée de Scipion se trouve maintenant à proximité de Carthage. Hannibal sollicite une entrevue avec le général romain et les deux géants se retrouvent face à face, à égale distance de leurs camps respectifs. « Si hoc ita fato datum erat ut qui primus bellum intuli populo Romano, quique totiens prope in manibus victoriam habui, is ultro ad pacem petendam venirem, laetor te mihi sorte potissimum datum a quo peterem. Tibi quoque inter multa egregia non in ultimis laudum hoc fuerit, Hannibalem, cui tot de Romanis ducibus victoriam di dedissent, tibi cessisse, teque huic bello, vestris prius quam nostris cladibus insigni, finem imposuisse. Hoc quoque ludibrium casus ediderit fortuna ut, cum patre tuo consule ceperim arma, cum eodem primum Romano imperatore signa contulerim, ad filium ejus, inermis, ad pacem petendam veniam.Optimum quidem fuerat eam patribus nostris mentem datam ab dis esse ut et vos Italiae et nos Africae imperio contenti essemus ; neque enim ne vobis quidem Sicilia ac Sardinia satis digna pretia sunt pro tot classibus, tot exercitibus, tot tam egregiis amissis ducibus. Sed praeterita magis reprehendi possunt quam corrigi. Chacun de nos deux peuples a à ce point convoité les biens de l'autre que, pour sauver les siens, il ne s'est pas contenté de porter la guerre en territoire ennemi en Italie pour nous, en Afrique pour vous – sed et vos in portis vestris prope ac moenibus signa armaque hostium vidistis et nos ab Carthagine fremitum castrorum Romanorum exaudimus. [...] Quod ad me attinet, jam aetas me senem in patriam revertentem unde puer profectus sum, jam secundae, jam adversae res ita erudierunt ut rationem sequi quam fortunam malim; tuam et adulescentiam et perpetuam felicitatem, ferociora utraque quam quietis opus est consiliis, metuo. Légende: nominatif accusatif génitif datif ablatif verbe
S'il es vrai que le destin l'avait fixé ainsi, à savoir que moi, qui le premier a déclaré la guerre au peuple Romain, qui a tenu si souvent la victoire finale entre mes mains, je viendrais de mon propre chef pour demander la paix, je suis particulièrement heureux que ce soit toi à qui le sort m'ait réservé de faire cette demande.
Pour toi aussi, parmi tant d'actions remarquables, avoir fait céder Hannibal, à qui les dieux avaient offert tant de victoires sur les généraux Romains, et avoir mis un terme à cette guerre marquée davantage par vos défaites que par les nôtres, ne sera pas le dernier titre de gloire.
Et même la fortune a produit cette ironie du sort : alors que ton père était consul, quand j'ai pris les armes, et qu'il fut le premier général romain que j'ai combattu, c'est à toi, son fils, qu'aujourd'hui, sans armes, je viens demander la paix.
Certes il aurait mieux valu que les dieux inspirassent à nos pères de se contenter de leur pouvoir, vous sur l'Italie, nous sur l'Afrique, car même pour vous, la Sicile et la la Sardaigne ne représentent pas de gain propre à compenser la perte de tant de flottes, tant d'armées, de tant de généraux si remarquables.
Mais le passé, il est plus facile de le déplorer que de le corriger [...]
Vous, vous avez vu les enseignes et les armes ennemies pratiquement à vos portes et sous vos remparts et nous, nous entendons, depuis Carthage, le grondement d'un camp Romain [...]
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