« Pour ou contre la loi Oppia, Caton : « Ne cédons pas aux femmes !» » La loi Oppia avait été votée en 215 av. J. c. Pour interdire un luxe vestimentaire choquant en des temps de guerre et de privations. Mais vingt ans plus tard, en 195, l’économie est florissante et les femmes aspirent à renouer avec l’élégance. Elles n’hésitent pas à descendre dans la rue pour réclamer l'abrogation de la loi. Seul l’austère Caton, qui sera surnommé « le Censeur», tente de s'y opposer par un violent discours devant le peuple. « Si in sua quisque nostrum matre familiae, Quirites, ius et maiestatem uiri retinere instituisset, minus cum uniuersis feminis negotii haberemus: nunc domi uicta libertas nostra impotentia muliebri hic quoque in foro obteritur et calcatur, et quia singulas sustinere non potuimus uniuersas horremus. Equidem fabulam et fictam rem ducebam esse uirorum omne genus in aliqua insula coniuratione muliebri ab stirpe sublatum esse; ab nullo genere non summum periculum est si coetus et concilia et secretas consultationes esse sinas.[…]Maiores nostri nullam, ne priuatam quidem rem agere feminas sine tutore auctore uoluerunt, in manu esse parentium, fratrum, uirorum: nos, si diis placet, iam etiam rem publicam capessere eas patimur et foro prope et contionibus et comitiis immisceri. Quid enim nunc aliud per uias et compita faciunt quam rogationem tribunorum plebi suadent, quam legem abrogandam censent? Date frenos impotenti naturae et indomito animali et sperate ipsas modum licentiae facturas[…] omnium rerum libertatem, immo licentiam, si uere dicere uolumus, desiderant. Quid enim, si hoc expugnauerint, non temptabunt? Légende:
nominatifvocatif accusatif génitif datif ablatif locatif
verbe
"Romains, si chacun de nous avait eu soin de conserver à l'égard de son épouse
ses droits et sa dignité de mari, nous n'aurions pas affaire aujourd'hui à
toutes les femmes.
Mais après avoir, par leur violence, triomphé de notre liberté dans l'intérieur
de nos maisons, elles viennent jusque dans le forum l'écraser et la fouler aux
pieds; et, pour n'avoir pas su leur résister à chacune en particulier, nous les
voyons toutes réunies contre nous.
Je l'avoue, j'avais toujours regardé comme une fable inventée à plaisir cette
conspiration formée par les femmes de certaine île contre les hommes dont elles
exterminèrent toute la race.
Mais il n'est pas une classe de personnes qui ne vous fasse courir les plus
grands dangers, lorsqu'on tolère ses réunions, ses complots et ses cabales
secrètes. [...]
Nos aïeux voulaient qu'une femme ne se mêlât d'aucune affaire, même privée, sans l'autorisation d'un tuteur; elle était sous la puissance du père, du frère ou du
mari.
Et nous, grands dieux!, nous leur permettons de prendre en main le gouvernement
des affaires, de descendre au forum, de se mêler aux discussions et aux comices
Car aujourd'hui, en parcourant les rues et les places, que font- elles autre
chose que d'appuyer la proposition des tribuns et de faire abroger la loi?
Lâchez la bride aux caprices et aux passions de ce sexe indomptable, et
flattez-vous ensuite de le voir; à défaut de vous-mêmes, mettre des bornes à son
emportement.
Ce qu'elles veulent, c'est la liberté la plus entière, ou plutôt la licence,
s'il faut appeler les choses par leur nom.
Qu'elles triomphent aujourd'hui, et leurs prétentions n'auront plus de terme!" |